A l’origine il y a une bière… comme souvent en VTT direz vous… sauf que celle là a précédé les efforts à venir !
Samuel et Lionel sont deux potes Lillois et un jour en imaginant de nouveaux défis, ils se mirent à rêver à une Divide à la française, la French Divide était née…
Traverser la France en diagonale en bikepacking par les chemins … rien de moins.
En 2016, je suis sur les réseaux sociaux ces aventuriers un peu fous, certainement envieux je l’avoue…

Libéré de contraintes professionnelles de moins en moins satisfaisantes, je me retrouve au début 2017 libre comme l’air, alors je roule, beaucoup…
Et comme nous rêvons avec Elise à un projet très concret de partage autour du vélo, elle me dit à la lecture d’un compte rendu sur le magazine 200 (oui je sais elle a de saines lectures…) : « ça c’est pour toi ! »
30 secondes me suffisent à acquiescer, j’en serai en 2017 ! Message à Samuel, il reste des places, virement, certain. Et hop sur la liste des inscrits ! 91 au total.

Les mois qui suivent sont curieux, fier d’être sur la liste des partants, je me rends compte à la lecture des stats de la première édition que…. bah va falloir assurer pour être sur celle des finishers ! Moins d’une vingtaine en 2016… glups ! La pression monte…
Je réfléchis matin et soir aux solutions de couchage, au matériel à prévoir… quelles roues, comment charger le GPS, l’éclairage, l’eau, le sac de couchage, le cuissard…Jusqu’à la veille du départ je change et rechange encore… c’est pas gagné tout ça…
Mon Santa Cruz Highball (powered by MountainbikerParis), fidèle compagnon d’entrainement, sera adapté, je n’en doute pas.
La possibilité de rouler avec de vraies roues de VTT (maxxis Ikon 2.2) me rassure car les crevaisons semblent avoir pénalisé de nombreux participants sur la première édition. L’éternel problème des « graveleux »…
Une semaine avant le départ, je renonce à la tente… priant pour que la météo soit clémente…
En fait, chaque jour en refaisant l’inventaire de mon barda, je crois avoir retiré ou renoncé à quelque chose… et j’ai bien fait…

La course (qui est en fait un Brevet pour contourner les problèmes administratifs) se déroule en 3 vagues de départ du 4 au 6 aout.
Le but est simple : partir de Bray dunes dans le nord (frontière Belge), rejoindre Mendionde dans les Pyrénées atlantiques par un parcours imposé (trace GPS) en 14 jours maximum et sans assistance aucune…
2170 km… 35000 m D+… 14 jours max… merde ! je l’ai annoncé à tout le monde, peux plus reculer.

Le parcours de cette French Divide 2017

Le grand départ de la French Divide 2017

Jeudi 3 aout, je me retrouve au briefing organisé, je regarde les montures des autres, compare les solutions retenues, les chargements, la taille de leurs mollets… en fait j’crois bien que j’ai peur…
Une dernière nuit dans notre camion avec ma princesse qui regrette déjà une séparation si longue, 3h de sommeil à peine tellement l’impatience du départ, je suis ailleurs déjà.. mais mon dieu qu’est-ce qu’elle me manquera…
6h24 lever du soleil, les 40 participants de cette 1ere vague sont là, la lumière est encore timide, l’ambiance un peu étrange, tout me parait presque désuet, je ne savais pas encore ce qui m’attendait !

Feu!

303 km… c’est la distance que j’aurai parcouru à l’issue de cette première journée ou tout va s’éclairer pour moi, ces gars sont de vrais pionniers de l’aventure… ultime, simple, vraie…
Le vent est fort ce jour là, les monts des Flandres se succèdent, Cassel, Mont des Cats, Mont Noir, Kemmel, rien ne nous est épargné… la file s’allonge déjà…
Les rencontres démarrent, d’abord sur le vélo… après la traditionnelle phase d’observation dans les roues les uns des autres, de petits groupes se forment et on réalise que l’effort conséquent que l’on produit va se répéter durant…. 10, 12 15 jours peut être, alors on parle, on fait connaissance… je découvre Pierre Arnaud, Jean et d’autres… on parle vélo, choix des pneus, on se rassure sur ses propres solutions retenues…
Puis les autres rencontres, les mêmes questions souvent « vous venez d’où? vous allez où? » , suivies par une incrédulité de tous les instants… Sophie (seule femme finisher en 2016) nous avait prévenus « il faut mentir, sinon les gens ne te croient pas… dis que tu as fait 100km maxi… » 😉
C’est ainsi que je me fais offrir un bière en traversant la forêt de Mormal, par un grand-père heureux de fêter en famille les 20 ans de son petit fils…. la sono est dehors… les barnums.. on croirait un ravito !!
La pluie se joindra à nous durant les 3 premières journées, encore une occasion pour moi de pester sur la météo du « Nord », mais 3 jours durant, en pédalant entre 13 et 15h par jour, en dormant dehors, cette pluie devient partie prenante et paradoxalement je l’accepte presque mieux que lors de mes sorties d’entrainement. Elle est là, comme le reste… elle fait partie de l’aventure…
Pierre Arnaud et Jean appuient très fort sur les pédales, je lâche du terrain et me dit que le seul moyen de rester au contact est de rouler plus longtemps, ce que je ferai donc le plus souvent possible.
Vers 23h au détour d’un champs, je découvre leurs bivy respectifs, pas question de m’arrêter donc je continue mon chemin dans les ronces et les méandres de ruisseaux car oui Samuel nous en a réservé des surprises et certaines sont moins simples à aborder de nuit…
Je jardine, me perds, me retrouve, fais un détour conséquent, je m’agace, me fatigue… 2h du mat je jette l’éponge avec à peine 30 km de parcourus… va falloir revoir cette stratégie pourrie !

 

Lever 5h, tout est trempé … il a plu toute la nuit, je ne m’attarde pas… la Montagne de Reims nous attend !
Dans un single, Pierre Arnaud me rattrape, on fait un bout de route ensemble jusqu’à Epernay le CP1…. où on est tout seul…. Samuel nous avait prévenus « CP fantôme » car ils seraient tous encore au départ des deux autres vagues. Pas de problème, selfies à l’entrée de la ville, check au magasin Spé du coin, et Pierre Arnaud qui me propose une coupe de Champagne pour fêter le CP1 !!! rahhhhgg le fourbe…. ! 🙂
Il repart tranquillement et moi me voilà les bras en croix dans une pelouse à la sortie de la ville…. bah oui 7000 calorie par jour et une coupe de champ cul sec… ça produit des effets différents selon les individus… je ne le reverrai qu’à Mendionde…
Après avoir (un peu) récupéré, je repars et m’arrête sur un coteau au milieu des vignes un peu avant Vitry en Perthois….239 km sur cette journée… mon genou gauche me crie déjà que ce que je lui inflige n’est pas de son gout… je ne l’écoute pas… pas encore…

Troisième journée! Je l’attendais impatiemment car dans mon esprit le corps serait capable de s’adapter…. je reste déçu sur mes capacités d’adaptation…
Dès le premier single que j’attaque, je suis repris par Jean qui s’est levé très tôt, le gaillard est fort, affuté comme un triathlète qu’il est… mais il oublie fâcheusement ses affaires un peu partout…
Arrêt ravito à la première boulangerie que l’on trouve et le voilà qui rebrousse chemin pour récupérer son maillot et cuissard perdus en route… j’avance… je sais qu’il me reprendra très vite…
Je passe le lac de la foret d’Orient de jour. Cool car l’interdiction est formelle, impossible d’y passer de nuit. Certains arriveront sans doute trop tard et resteront de ce coté en attendant le lendemain… je file….
2h plus tard, le voilà déjà, il a bien retrouvé ses vêtements mais a laissé ses bidons d’eau à l’endroit ou il a tout rangé…. bref… il ramasse une vieille bouteille vide et hop le tour est joué…
En fait, je crois que déjà après trois jours d’aventure nous sommes déconnectés complètement de notre réalité quotidienne, seul les besoins essentiels sont important : manger, boire, dormir et surtout avancer, avancer encore…
Les cotes se succèdent ici, nous sommes encore dans le vignoble et les chemins y sont tracés pour l’écoulement des eaux de pluie, pas pour les cyclistes !
Le soleil tape un peu et je prends un premier coup de chaud, un peu avant Chablis en traversant un très joli village qui fête les vendanges. Je monte une cote interminable et en haut j’aperçois une voiture immatriculée dans le 59… une silhouette… je connais ce gars… Fabrice un ancien collègue de boulot fan de trails extrêmes est là ! il me suit grâce au lien du Tracker… il poireaute depuis 2 heures sous le soleil… incroyable… il laisse tomber un Snicker au sol (bah oui l’assistance est interdite… je l’ai trouvé par terre 😉
Je ne supposais pas l’effet de tels encouragements, les bons mots, cet adepte de la course à pied a juste souhaité m’apporter ce dont il avait besoin dans les moments difficiles sur ses propres courses (diagonale des fous , UTMB…). Suis touché, tellement…. après l’avoir quitté, quelques larmes montent… mais suis seul, m’en fous…
Après l’appel quotidien et indispensable à mon amour, je m’endors épuisé sous un arbre près d’une chapelle à Serry, 229 km plus loin aux portes du Morvan…

Le Morvan, je connais ! Suis prêt à en découdre… je me dis que le tracé va prendre une partie du GTM incontournable… en fait oui… mais grâce à Sebastien Oppin on aura que le meilleur !!
là j’avoue avoir beaucoup pensé à ceux qui arriveraient dans les prochains jours avec leur gravel et leurs pneus roulants… un sentiment de compassion se mêlant à la fierté d’avoir fait le bon choix du VTT…
Technique à souhait, je reconnais certaines sections pour les avoir roulées en tout suspendu et à vide… et elles n’étaient déjà pas simple… l’arrivée au CP2 à Quarré les Tombes est surréaliste… une montée dans l’herbe fermée par les ronces… une bonne demi-heure de poussette…
Je retrouve Fabrice au CP2, on déjeune ensemble, je glace mon genou, le deuxième tube de voltarène est entamé… marcher et plus difficile que de pédaler alors je continue…

Puis c’est Sebastien Oppin le Guide VTT incontournable du massif qui m’interpelle du bord de la route, en m’offrant une bière brune (la Rustine … ça ne s’invente pas !) photos, encouragement et hop j’y retourne en se promettant de revenir vers ce gars attachant véritable amoureux de sa région et de la pratique…

125 km en 10h c’est tout ce dont je serai capable ce jour là… avec 3000 m de D+ et ce relief particulier qui ne cesse de monter et descendre, le Morvan est magnifique mais va laisser des traces chez chacun d’entre nous….
A L’HUIS PRUNELLE , une pancarte annonçant le gite d’étape municipal est devant moi, je cède, besoin d’une douche, de poser mon genou, de manger chaud…
Le gite est fermé, mais en 30 secondes il ne l’est plus, accueil chaleureux le gérant me propose un repas préparé par sa femme d’origine Vietnamienne : au top ! Au sec, j’écoute la pluie tomber, je sombre vite…
Pierre Arnaud est loin devant, Jean va de galère en galère (pneu, chaine…) un peu plus loin derrière. Mais la deuxième vague est partie fort, très fort… Benjamin et Sylvain s’arsouillent déjà….

5ème jour , il est 5h30 et je suis sur le vélo, la pluie n’a pas encore cessé, le moral est moyen, je veux sortir du Morvan au plus vite, passer à autre chose… jusqu’à AUTUN la pluie ne me quitte pas…. elle redouble même ! je ne me couvre pas davantage en me disant qu’il est utile de préserver ce qui est encore sec au fond des sacoches… j’arrive à AUTUN frigorifié et me réfugie sous un porche pour me changer… du mal à me réchauffer… à ce moment Jean passe, je l’interpelle et on se réfugie tous deux au fond d’un café salon de thé douillet. On y passera plus d’une heure…
On roulera ensemble, avec Jean, durant toute cette journée ou presque, 207 km encore 3000 m de D+.
Une pizzéria nous interpelle à MOULIN…
J’y mangerais 2 plats et le serveur comme le cuisto seront adorables pour nous faciliter notre nouvelle vie de nomade.
MOULIN est une grande ville, voilà 5 jours que nous errons dans les campagnes, bref je ne m’y sens pas bien… sentiment d’être étranger à celle-ci, spectateur des déambulations de passants très alcoolisés… on décide de repartir, enfin JE décide… c’est ce que Jean répètera durant les 30 km de chemins improbables, inhospitaliers que nous trouvons dès la sortie de la ville…
On jardine… on se perd…. enfin vous connaissez la suite…
Jean se pose au détour d’un village, je poursuis quelques km encore et m’installe sous mon tarp, comme un roi en pleine campagne, heureux…

Quand je plis bagage, Jean m’a déjà rejoint, la course est bien là, latente… dans les esprits, personne ne veut lâcher de terrain…
On démarre donc ensemble.
Mais à Ebreuil, David un autre rider de la team Mountainbikerparis se joint à nous pour une cinquantaine de km, trop content de le croiser lui qui si souvent a fait la route pour rouler à nos cotés sur la région parisienne… on partage deux oeufs durs, je ne pensais pas qu’un oeuf puisse provoquer un tel plaisir !!
Le bonheur de partager impressions et anecdotes avec un ami décuple littéralement nos forces…mais on sait que c’est un gros morceau qui démarre avec le Massif Central… inutile d’imaginer faire 2 tronçons aujourd’hui (le tracé en comporte 20), Olby nous semble une étape raisonnable pour attaquer les 4000 de D+ au programme du lendemain.
Il fait froid quand nous y parvenons, aucun gite ne veut nous prendre . Je reconnais que notre aspect y est certainement pour beaucoup, replis dans le seul hôtel du coin… complet… on nous propose un garage…. on tente le camping… complet aussi… alors on accepte la salle TV du camping et 2 pizzas surgelées. De toute façon la salade piémontaise que j’avais achetée en route s’est ouverte dans la sacoche arrière… j’ai refusé de lécher l’intérieur…. je viens malgré moi d’inventer la piémontaise montée en chantilly sous une lit de linge puant…

Le 7 ème JOUR est apocalyptique ! Il pleuvra sans discontinuer toute la journée, toutes les ascensions, toutes les descentes, aucun répit… à la BOURBOULE je me jette dans un magasin de sport pour y acheter un maillot en mérinos… Le vendeuse doit se souvenir encore de cet uluberlu dégoulinant dans sa boutique rutilante…

Une piste de descente à gravir, des cailloux détrempés, des torrents d’eau et de boue… paradoxalement ces journées renforcent mon mental car on se dit qu’après avoir enduré ça, rien ne nous arrêtera plus… c’est sans doute pas faux…
La TOUR D’AUVERGNE marque symboliquement la fin du massif pour moi, je roule sous une pluie battante en me persuadant que bon nombre des participants vont s’abriter… que je prends de l’avance… on doit tous se dire cela… 😉
Le CANTAL, LA CORREZE la traversée est magnifique… la pluie n’enlève rien à la beauté des paysages, c’est magique… et comme l’altitude n’est plus là, la température est bien plus clémente…
En fin de journée j’ai retrouvé un second souffle, mes jambes sont là, de retour… je me dis, allez ce soir je roule encore plus tard… et la pluie recommence, vers 23h elle est si forte que mon éclairage ne parvient plus à la percer… je m’abrite… sous un apenti de tôle… en me disant « dès qu’elle se calme, je repars… »
J’avais prévenu ma chérie de mon intention de rouler tard… je m’assoie près du vélo, mon sursac sur les jambes… je m’endors…
C’est à 4h que les gendarmes me découvrent gelé sous mon abris de fortune, visiblement très contents de me retrouver sain et sauf… je comprends vite…
Elise, inquiète de voir disparaître le signal du tracker soudainement, et surtout sans nouvelles de ma part (toujours les tôles…) les a appelés, terrorisée à l’idée qu’un accident soit survenu… je l’aime tellement…
Ma princesse peut enfin s’endormir…
Bref on sympathise avec les forces de l’ordre, je leur explique la course, m’excuse mille fois de leur dérangement et leur fausse compagnie en me disant que c’est une aubaine d’être sur la route à 4h du mat…

18. French Divide 19. French Divide 20. French Divide

Jour 8, objectif atteindre le CP3 qui se trouve à Cahors. la route est magique, le parc Naturel des Causses de Quercy, Padirac, Rocamadour… je trouve une famille entière de supporter d’ailleurs dans ce haut lieu du tourisme… la French Divide a ses supporters bien à elle, passionnés, dévoués et admiratifs, certainement un peu envieux d’en être à leur tour…
J’arrive à CAHORS en fin de journée, un resto en centre ville tient lieu de quartier général. Cette fois la team composée de Céline et Thibault deux bénévoles et amis de la première heure est là.
Jean est déjà passé, il est reparti… moi je me pose… et commande un Burger géant. Mathieu Chollet (vainqueur du concours des machines 2017) est là avec ses deux êtres chers (sa douce moitié et sa création… sublime).
Burger et Chouffe (oui oui,même à Cahors…) avalés , je ne m’attarde pas… je trouve un banc sur une petite place à MONTCUQ ! il fait bon je ne sors que le duvet et trouve presque la nuit confortable… après 214 km et 3800 de D+, tout le semble sans doute.

Le lendemain c’est le LOT qui m’ouvre ses portes. J’ai retrouvé Jean, on roule plein ouest, les bras sur ses prolongateurs il me fait mal aux cuisses, mais au moins la journée défile… 201 km…Jean se détache, je ne veux ni ne peux imprimer son rythme, tant pis, on verra… En traversant un village, j’entends de la musique sur une place, un bar associatif ou un groupe de musiciens s’adonne à leur passion : « la Pistouflerie » ça ne s’invente pas… une oasis de bonheur durant 1h et demi avec bière et tapas ! j’ai presque du mal à en repartir.
Benjamin et Sylvain de la vague 2 nous rattrapent dans la nuit. Benjamin me dira après coup m’avoir aperçu sur le banc à dormir. Je ne sais pas de quoi sont fait ces gars…

A l’approche des Pyrénées le dixième jour est magique… le lever de soleil sur cette chaîne si particulière est exceptionnel, les sommets se détachent les uns des autres dans des nuances de couleurs indescriptibles… magnifique.

Je croise Sylvain qui se ravitaille. Il a dû faire un détour car à SAINT BERTRAND DE COMMINGES la patrouille de France paradait…
Effectivement un cerbère ne voulait pas me laisser passer… politiques, craintes du terrorisme… bref on parlemente, il cède en me disant que de toutes les façons je serai refouler plus loin aux barrages… Heureux je m’engouffre et m’empresse de mettre mon gilet fluo pour rouler la nuit… ça marche !! à chaque barrage j’accélère, déterminé et envoie un solide « Salut, tout va bien ? »
ils me pensent tous des leurs, bref on n’arrête pas un Divideur… 🙂
En route pour le col du Tourmalet, sincèrement je ne redoutais pas trop ce col pourtant difficile. après presque 2000 km les sections de route finissent par paraitre reposantes… Bon Samuel a quand même réussi a nous concocter une approche du col par les chemins et la pluie ne les a pas rendus aussi roulant qu’on l’aurait souhaité.
Juste avant, je m’aperçois que mon tracker est éteint, j’avais pourtant remplacé les piles… je croise un gars dans son jardin, lui demande s’il peut me dépanner, on échange sur ma présence, les questions classiques… il revient avec 4 piles rechargeables !! Je lui propose de lui acheter. En guise de réponse, il m’offre un café et des tartines !! La sympathie que cette course provoque est incroyable… à moins que ce soit nous… contraints d’aller vers les autres… à réfléchir…
Dans l’ascension la voiture de l’organisation me rejoint, on plaisante, ils font quelques photos… Le CP4 est en vue… Tourmalet checked !

La descente (route Fignon) est superbe… ça file, je pense avoir fait le plus dur… mais non…
Pour espérer finir en 10 jours et quelques heures je dois dépasser LOURDES… et là…. le tracé fait par un local est musclé, des singles superbes qui montent sur chaque colline alentour… Lourdes est à 10 bornes à tout casser, on en fera au moins 50 !!
2 morceaux de pizza (décidément) oubliés dans ma sacoche me sauvent d’une énième hypo…et cerise sur le gâteau, l’arrivée sur LOURDES se fait par un single qui débouche dans un camps de Gitans !! à 23h… les chiens attachés aux arbres aboient, je crois qu’ils gouteraient bien à mes mollets… je me précipite dans la cité…

Alors comment vous dire ma découverte de Lourdes … dans mon imaginaire un petit village pieux accroché dans la montagne avec une grotte au milieu… non… c’est pas exactement comme ça…
Le LAS VEGAS de l’objet de foi… les enseignes lumineuses partout, les commerces de souvenirs bibliques en pagaille, c’est hallucinant !! je m’enfuie littéralement de cette ville incompréhensible pour moi.
Le village d’ASSON sera ma dernière halte (184 km) , j’avoue ne même plus me souvenir à quel endroit j’y ai dormi… la fatigue est installée cette fois pour de bon, elle règne… indiscutable…

En me levant, je sais avoir moins de 200 km pour toucher au but… je veux profiter de cette dernière journée au maximum…
Au détour d’un village, j’aperçois à nouveau ce maillot reconnaissable entre mille MountainbikerParis… Benjamin est là avec toute sa famille !! Mon normand préféré !! Incroyable… arrivé sur Toulouse il y a peu, il a déplacé tout le monde pour venir rouler avec moi… encore une fois… touché…
On roule avec enthousiasme, je raconte, je parle encore et encore… trop heureux de ce nouveau témoignage… Jean partage mon bonheur… on plaisante, on se chambre un peu…
Benjamin retrouve sa famille bien plus loin en s’effaçant presque pour nous laisser profiter de nos derniers kilomètres…
On charge le dernier tronçon !! Il compte 75 km… le chiffre nous parait dérisoire face à tous ceux parcourus… pourtant…
Jean me parle, je ne lui réponds pas, la chaleur est conséquente et la pente raide… je monte encore et toujours avec ce plateau de 34, sans doute le seul choix discutable que j’ai pu faire.
Le coup de chaleur est là installé, je le sais, je dois me reprendre sous peine de sanction plus grave, je laisse Jean partir… de toute façon il est plus fort que moi c’est certain.
Je bois, encore, un village, un café, 3 perriers, un coca et une glace plus tard, tout va mieux, cette fois je repars pour finir…

Le ciel se couvre, l’orage déchire le ciel assombri, c’est magnifique…. les dernières cotes ont des pourcentages peu commun. Qu’importe, rien ne pourrait altérer mon envie de la retrouver au plus tôt…
10 jours qu’elle veille, qu’elle s’inquiète, que je lui manque… la fatigue a chez moi tout effacé… sauf elle… elle m’aura accompagné chaque seconde, chaque mètre… jamais je n’ai pensé la décevoir…
je vois la pancarte de la ville, des silhouettes, je reconnais la sienne, elle est là… retrouvailles…
je sais que d’autres aventures comme celle ci viendront, immanquablement car c’est un bonheur immense, mais jamais plus sans elle… vous le savez « le bonheur ne vaut que s’il est partagé »…

(Photo by @MILO PIX)

to be continued

merci mon amour
merci Samuel, Lionel, Céline, Thibault et Clément
Bravo à tous ceux qui se sont alignés sur cette épreuve… peu importe le chemin parcouru…